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Il a réduit l'IFT en maîtrisant les risq Il a réduit l'IFT en maîtrisant les risques

Eric de Beaudrap a intégré un groupe Déphy Ecophyto pour changer ses pratiques.

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« J'ai été rattrapé au vol par le conseiller de la chambre d'agriculture, se souvient Eric de Beaudrap, agriculteur à Le Pas, dans la Mayenne. J'ai voulu réduire de moi-même l'usage des phytos, mais mes parcelles ont vite été envahies de folle avoine. »

 

L'EXPLOITATION EN CHIFFRES

Le Gaec de Barada (53)

• 2 UTH• 116 ha, dont 45 de maïs ensilage, 35 de blé tendre et 36 de prairie• 70 VL normandes et 500 000 l de lait de quotas• 140 taurillons/an en engraissement• 1.000 porcs/an en engraissement

 

Les intentions étaient bonnes mais pour transformer l'essai, Eric a intégré le groupe Déphy Ferme Ecophyto de la chambre en 2011. « Je suis toujours demandeur de conseils, et le groupe permet de gagner du temps et de se rassurer vis-à-vis des risques pris. Mes objectifs, en intégrant le groupe, étaient triples : assurer un volume de fourrage pour les animaux (lire encadré), rechercher l'innovation technique sur les cultures, et réduire l'utilisation des phytos. »

  

 

 

Groupe. « La réflexion en groupe sur le changement des pratiques permet de gagner du temps et de se rassurer vis-à-vis des risques qu'on prend », estime Eric de Beaudrap. (Photo de gauche)Herse étrille. Eric de Beaudrap est satisfait de l'efficacité de la herse étrille passée avant la levée du maïs et de son débit de chantier d'environ 7 à 8 ha/h en 12 m. (Photo de droite)

Zéro glypho

Trois ans après, c'est réussi puisque l'IFT a été réduit de moitié entre 2010 et 2014, pour passer de 3,66 à 1,63. « J'ai été surpris de constater une telle baisse, mais c'est plus facile quand on part de haut », note en souriant l'agriculteur. En effet, avant d'entrer dans le réseau, son recours aux phytos était quasi systématique. Progressivement, l'IFT hors herbicide mais aussi herbicide a diminué pour passer sous la référence régionale.

« Aujourd'hui, mon système est 100 % sans glyphosate, se réjouit Eric. Même sans labour, c'est possible de ne pas être dépendant du glyphosate », insiste-t-il. Pour y parvenir, Eric a, d'une part, optimisé la conduite du couvert gélif en intercultures. D'autre part, il s'est notamment inspiré des témoignages d'agriculteurs passés du conventionnel au bio, ainsi que des démonstrations de désherbage mécanique lors du salon Tech&Bio.

« En maïs, après avoir réalisé un test sur une petite surface, je passe depuis 2013, sur la totalité de la sole, la herse étrille en aveugle avant la levée. La première fois, j'allais voir tous les jours si le maïs levait ! Cette année, je l'ai même passée deux fois à 5 heures d'intervalle, et le résultat est encore plus efficace, car les adventices qui étaient justes décollées au premier passage ont complètement sauté au deuxième ! »

Toutes ne sont quand même pas détruites, mais l'objectif est de supprimer un passage d'herbicide en décalant le premier de 2-3 feuilles à 4-5 feuilles.La position des faux semis a aussi été revue. « Quand j'étais salarié, je faisais des faux semis d'été. J'ai donc continué après mon installation, sauf que la position n'était pas adaptée à la flore présente sur mes parcelles : gaillet, véronique…Je réalise donc maintenant des faux semis au printemps et à l'automne. »

A la fin de mars, il passe un cultivateur à dents puis, vers le 20 avril, le vibro permet de détruire les levées et de préparer le semis du maïs. A la mi-octobre, un faux semis est réalisé entre la récolte du maïs et le semis de blé tendre.

Semis décalés

En complément, lorsque les conditions climatiques le permettent, le maïs est semé après le 20 avril et le blé après le 20 octobre, une fois passé le pic de levée des adventices problématiques. « Dans l'avenir, je souhaiterais désherber le maïs uniquement de façon mécanique, en complétant l'action de la herse étrille par celle d'une bineuse. »

Pour limiter les problèmes de salissement et allonger la rotation, l'agriculteur envisage aussi d'intégrer de la luzerne dans l'assolement. Cette culture serait valorisable pour les animaux et permettrait de « nettoyer le sol ». « Ma réflexion se porte également sur l'emplacement des prairies. Aujourd'hui, elles restent à côté des bâtiments par praticité, mais peut-être pourraient-elles être déplacées pour entrer dans la rotation et faciliter la gestion des adventices. Je réduirais les phytos mais, en contrepartie, la minéralisation due au retournement libérerait de l'azote trop tôt pour que le blé en profite… Il y aurait donc des fuites dans le sol, ce qui serait problématique. »

Au final, de 2011 à 2014, si les rendements restent stables, les charges phyto passent de 131 €/ha à 87 €/ha. Mais cette économie a été contrecarrée par la hausse du cours de l'azote. La marge brute reste néanmoins supérieure à 1.100 €/ha, ce qui est satisfaisant pour Eric de Beaudrap. Toutefois, les charges ont connu une hausse avec le désherbage mécanique.

Choix variétal en blé ajusté

En blé tendre, Eric de Beaudrap a choisi de jouer la carte variétale. « Depuis 2011, je privilégie des variétés, comme Cellule ou Arrezo, moins sensibles à la verse et aux maladies, pour faire l'impasse du régulateur de croissance et réduire les fongicides. J'utilisais aussi Altigo, peu sensible à la verse, mais je vais arrêter car elle se révèle trop sensible à la septoriose et à la rouille jaune. J'ai également abandonné le triticale pour des raisons de sensibilité à la rouille. » L'agriculteur a testé cette année le mélange de Cellule et Arrezo pour renforcer la résistance aux maladies.

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